Congrès du Parti libéral en 1984

Congrès du Parti libéral en 1984


16 juin 1984

Centre municipal d'Ottawa

Présidents: Iona Campagnolo (présidente du parti) et le député Rémi Bujold (Bonaventure--Îles-de-la-Madeleine, Qc)


1 2
John Turner 1,593 (47,74%) 1,862 (54,41%)
Jean Chrétien 1,067 (31,97% 1,368 (39,98%)
Donald Johnston 278 (8,33%) 192 (5,61%)
John Roberts 185 (5,54%) -
Mark MacGuigan 135 (4,05%) -
John Munro 93 (2,79%) -
Eugene Whelan 84 (2.52%) -
Spoiled 2 1
TOTAL 3337 3403

Les aspirants chefs libéraux sont retournés au même aréna 16 ans plus tard alors que Pierre Trudeau quittait ses fonctions de chef du parti et de Premier ministre du Canada.

Il y a eu moins de rebondissements dramatiques cette fois-ci, malgré les rumeur selon lesquelles environ le quart des 3 400 délégués étaient arrivés au congrès sans avoir pris d’engagement auprès d’un candidat quelconque.


LES CANDIDATS

John Turner, qui s’était retiré de la vie de représentant élu depuis 1975, jouissait du soutien de la majorité de la direction du parti après trois mois de campagne. Il a dit avoir parlé, en personne, à plus de 2 500 délégués, et promettait une discipline fiscale et une croissance économique accrues.

Jean Chrétien, ministre de l’Énergie à l’époque, misait sur l’héritage Trudeau et se présentait comme « candidat du peuple » contrairement au « patron d’entreprise » qu’était M. Turner.

M. Chrétien a cité en exemple le rôle qu’il avait joué dans la conclusion d’un accord pétrolier d’une valeur de 3,5 milliards $ pour l’Ouest au début du mois de juin comme preuve de sa capacité à résoudre les problèmes. Il espérait aussi profiter des soi-disant faux pas de Turner en matière de droits linguistiques.

Les autres candidats étaient le président du Conseil du Trésor, Donald Johnston, le ministre de la Justice, Mark MacGuigan, le député torontois et ministre John Roberts, le ministre des Affaires indiennes, John Munro, et Eugene Whelan, ministre de l’Agriculture de longue date, qui a dit aux délégués que les bureaucrates et les gens au Bureau du Premier ministre étaient des « insignifiants » parce qu’ils bafouaient le pouvoir des ministres.


LE CONGRÈS

Les organisateurs du camp Chrétien affirmaient que des ententes avaient été conclues avec tous les candidats sauf Turner pour le deuxième dépouillement. Ils espéraient arracher la victoire au troisième tour et prévoyaient obtenir 1 000 voix au premier dépouillement.

D’après le biographe de M. Turner, Paul Litt:

«Turner et Chrétien se trouvaient plus au moins à égalité quant au nombre de délégués des circonscriptions (qui représentaient les deux-tiers du nombre total). Toutefois, Turner aurait obtenu le soutien des délégués d’office par une marge de trois contre un. »

MacGuigan a perdu le soutien de Laurence DeCore, maire d’Edmonton, durant le premier tour. Plus tard, il a été hué par les partisans de Chrétien lorsqu’ils ont appris qu’il appuyait Turner.


LE SCRUTIN

Le résultat du premier tour a été dévoilé à 17 h 10. Turner avait 46 pourcent d’appuis versus 31 pourcent pour Chrétien, qui semblait avoir recueilli moins d’appuis que prévus auprès des délégués du Québec.

Turner était fort populaire auprès des délégués d’office et des jeunes.

Roberts, Whelan, et Munro sont passés dans le camp Chrétien. Johnston refusait de se rallier aux autres candidats à la traîne. Il est resté dans la course dans l’espoir d’arriver troisième et sortir de toute impasse. 

Un troisième tour n’a pas été nécessaire. À 20 h 30, Turner a dépassé sans problème le seuil de 50 pourcent des voix pour succéder à Trudeau.


AUTRES FAITS:

  • En prononçant son discours d’adieu, M. Trudeau a pris sa célèbre pose de franc-tireur. L’humoriste Rich Little et le chanteur Paul Anka se sont produits durant le congrès.
  • Les sympathisants de Turner portaient de gilets rouge et jaune avec des foulards jaunes. On a joué de la musique du film « les chariots de feu » avant le discours qu’il a prononcé la nuit précédente.
  • On se souviendra de la déclaration de la présidente du parti, Iona Campagnolo, affirmant que Chrétien était « deuxième dans les résultats de votes, mais premier dans nos cœurs.»